Nous avons évité de justesse une deuxième grève dans 36 ports de la côte Est et de la côte du Golfe des États-Unis. L’accord de principe conclu entre l’Association internationale des dockers (ILA) et l’Alliance maritime des États-Unis (USMX) suite à la grève de trois jours d’octobre doit expirer le 15 janvier. Cette échéance approche à grand pas, et les craintes d’une éventuelle nouvelle grève s’intensifient. Un accord a été trouvé le 8 janvier, mais il doit encore être ratifié par les membres du syndicat ILA avant sa finalisation.
Éviter une grève, dont le coût est estimé à 5 milliards d’euros par jour, est vital aux chaînes d’approvisionnement et aux économies mondiales. La côte Est et la côte du Golfe sont en effet des maillons essentiels des chaînes d’approvisionnement de nombreux secteurs d’activité.
Les conséquences de la grève de trois jours d’octobre
Les deux parties n’ayant pas trouvé d’accord avant la précédente date butoir du 30 septembre, les travailleurs de l’ILA se sont mis en grève, et ont ainsi paralysé 36 grands ports américains. La grève d’octobre a entraîné plusieurs perturbations significatives :
- L’augmentation du temps d’accostage : les navires ont dû attendre plus longtemps pour accoster.
- L’allongement des temps d’arrêt des conteneurs : les importations tout comme les exportations ont connu des retards dans les ports concernés.
- Les détournements vers d’autres ports : les conteneurs ont été réacheminés vers des ports non impactés par les grèves, principalement aux Bahamas, en Amérique latine et au Canada.
Les temps d’arrêt des conteneurs
Pendant les trois jours de grève, les temps d’arrêt des conteneurs ont été peu perturbé, et n’ont connu qu’une seule semaine de forte augmentation.
Les temps d’arrêt des importations ont tout d’abord augmenté dans les ports de la côte du Golfe, tandis que ceux de la côte Est n’ont pratiquement pas été perturbés.
Les temps d’arrêt des exportations ont été impacté de la même manière sur les deux côtes, mais sont rapidement revenus à la normale.
La récente augmentation des temps d’arrêt des importations et des exportations est due à la fermeture des ports pour les vacances.
Le réacheminement des conteneurs
Afin d’assurer la circulation des navires pendant la grève, les transporteurs ont détourné leurs conteneurs vers d’autres ports, ce qui a permis de minimiser les perturbations des horaires des navires et d’éviter de longs retards d’accostage dans des ports fermés.
Les secteurs les plus à risque
Une grève supplémentaire, dont le coût estimé atteint 5 milliards d’euros par jour, aurait de graves conséquences sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les ports de la côte Est gèrent environ 35 à 40 % des importations et des exportations des États-Unis, tandis que les ports de la côte du Golfe représentent 10 à 15 % des importations et 20 à 25 % des exportations. Bien que ces pourcentages reflètent les volumes commerciaux mondiaux, certaines industries seraient beaucoup plus affectées que d’autres. Vous trouverez ci-dessous une ventilation des principales importations et exportations par région.
Ports de la côte du Golfe :
Énergie et pétrochimie :
Les ports de la côte du Golfe, notamment Houston et la Nouvelle-Orléans, gèrent 60 à 70 % des exportations américaines de pétrole brut, de produits pétroliers raffinés et de gaz naturel.
Une partie importante de la chaîne d’approvisionnement pétrochimique, y compris les plastiques et les matières premières chimiques, passe également par ces ports.
Agricole :
Environ 60 % des exportations de grains et de soja des États-Unis passent par les ports de la côte du Golfe, la Nouvelle-Orléans étant une plaque tournante majeure pour les exportations agricoles du Midwest.
Fabrication lourde et machines :
Les ports de la côte du Golfe gèrent environ 25 à 30 % des exportations américaines de machines industrielles et d’équipements lourds, une grande partie de celles-ci destinées à l’Amérique latine et à l’Europe.
Ports de la côte Est :
Produits de détail et grand public :
Les ports de la côte Est gèrent 35 à 40 % des importations de biens des États-Unis telles que l’électronique, les vêtements et les meubles. Des ports tels que New York/New Jersey et Savannah sont essentiels pour le commerce avec l’Europe et l’Asie.
Beaucoup de ces importations sont destinées aux marchés de détail de la côte Est et du Midwest.
Industrie automobile :
Environ 30 à 35 % des importations et des exportations automobiles des États-Unis transitent par les ports de la côte est, notamment les voitures et les pièces en provenance d’Europe. Le port de Baltimore est une plaque tournante clé pour les navires RoRo (Roll-on/Roll-off). Lorsque le port a temporairement arrêté les opérations, le secteur est resté stable en réacheminant les expéditions vers les ports voisins. Cependant, si une grève se produit en janvier, les perturbations au niveau de la fabrication seront probablement inévitables.
Produits pharmaceutiques et chimiques :
Environ 30 à 35 % des importations pharmaceutiques des États-Unis passent par les ports de la côte Est. Cela inclut les ingrédients pharmaceutiques actifs (API) et les médicaments finis d’Europe, d’Inde et d’autres régions.
Alimentation et boissons :
Les ports de la côte Est gèrent 30 à 40 % des importations de nourriture et de boissons des États-Unis, y compris les denrées périssables telles que les produits, les fruits de mer et les aliments transformés d’Europe et d’Afrique.
Les secteurs d’activité touchés par les deux côtes :
Matériaux de fabrication :
Ensemble, les ports de la côte Est et du Golfe gèrent environ 25 à 30 % des importations américaines d’acier, de ciment et d’autres matériaux de bâtiment, principalement en provenance d’Europe et d’Amérique latine.
Accord de principe
Les dispositions de l’accord conclu le 8 janvier n’ont pour le moment pas été rendues publiques, mais l’obstacle principal à l’avancement du contrat concernait jusqu’à présent les automatisations portuaires. L’USMX souhaite permettre plus d’automatisation dans les ports, mais l’ILA soutient que cette mesure entraînerait des suppressions d’emplois. Bien que le compromis trouvé ne soit pas encore de notoriété publique, il est vraisemblablement en rapport avec le niveau d’automatisation.
Si cet accord est ratifié, les ports de la côte Est, du Golfe et de la côte Ouest des États-Unis disposeront de contrats stables jusqu’en 2028, date à laquelle le contrat de la côte Ouest arrive à expiration, éliminant ainsi les incertitudes liées à la main d’ œuvre aux États-Unis, l’une des principales préoccupations de la chaîne d’approvisionnement.
Résumé
L’imminence de l’échéance du 15 janvier pour les négociations contractuelles entre l’ILA et l’USMX fait craindre une nouvelle grève portuaire, qui pourrait gravement perturber les chaînes d’approvisionnement américaines. Un accord a été trouvé le 8 janvier, mais il doit encore être ratifié par les membres du syndicat. La grève d’octobre a révélé les faiblesses de secteurs d’activité clés, entraînant une augmentation des temps d’accostage, un allongement des temps d’arrêt des conteneurs et un réacheminement vers des ports non impactés par les grèves. Alors que les ports de la côte Est acheminent une grande partie des importations des biens de consommation, des automobiles et des produits pharmaceutiques, les ports de la côte du Golfe sont indispensables aux exportations d’énergie, d’agriculture et d’industrie lourde. Au vu des pertes potentielles quotidiennes qui s’élèvent à 5 milliards de dollars, les enjeux économiques sont considérables. Il est donc urgent de trouver une solution.